- La maladie veineuse thromboembolique est un problème majeur de santé publique qui regroupe les thromboses veineuses et l’embolie pulmonaire. Elle correspond à la 3e cause de mortalité d’origine vasculaire après l’infarctus du myocarde et l’accident vasculaire cérébral.
- Depuis près d’un demi-siècle, les progrès techniques d’imagerie médicale et l’avènement des différentes formes d’anticoagulants ont permis une meilleure connaissance de cette maladie qui doit être appréhendée comme une affection chronique nécessitant un suivi médical au long cours. Mais ce suivi ne peut s’envisager qu’à travers une mise à jour régulière des connaissances.
- L’arrivée sur le marché des anticoagulants oraux directs (AOD) est une de ces évolutions qui a de nouveau modifié les schémas thérapeutiques de cette maladie. Les résultats des nombreuses études réalisées ou en cours vont permettre de définir de nouvelles recommandations. C’est à l’aube de ces grands changements qu’il devient important de faire un tour d’horizon des recommandations les plus récentes pour mettre en place une stratégie diagnostique et thérapeutique adaptée à chaque situation donnée.
- Ce guide s’adresse aux étudiants en médecine, aux internes, aux médecins généralistes, aux médecins vasculaires, aux chirurgiens vasculaires, mais aussi à tous les praticiens qui s’intéressent aux maladies vasculaires.
![]() Bientôt un patch pour surveiller la pression artérielle… Il existe de nombreux appareils d’automesure de la pression artérielle vendus en pharmacie. Les plus fiables sont ceux qui utilisent un brassard gonflable enroulé autour d’un bras pour mesurer notre pression artérielle périphérique au niveau de l’artère humérale. Mais la mesure la plus précise pour évaluer le risque cardio-vasculaire est la valeur de la pression artérielle centrale qui correspond au débit sanguin dans l’aorte, à la sortie du coeur. Cette mesure ne peut se faire couramment car elle ne peut s’obtenir qu’en réalisant un acte invasif qui consiste à insérer un cathéter dans un vaisseau sanguin et de le guider avec une grande précision vers l'aorte. Une équipe de chercheurs, dirigée par Sheng Xu de l’Université de Californie à San Diego (UCSD), a développé un patch constitué d’une fine feuille de polymère de silicone relié à un logiciel personnalisé qui permet une surveillance continue de la pression artérielle centrale basée sur la lecture par ultrasons. Le patch développé actuellement doit être branché à des fils externes, mais une version sans fil est en cours de développement dans laquelle une source d'alimentation et des unités de traitement de données vont être entièrement intégrées au patch. Ce futur patch risque de complètement transformer la prise en charge et le suivi de l'hypertension artérielle. Pour en savoir plus : Monitoring of the central blood pressure waveform via a conformal ultrasonic device. Wang C, Li X, Hu H, Zhang, L, Huang Z, Lin M, Zhang Z, Yun Z, Huang B, Gong H, Bhaskaran S, Gu Y, Makihata M, Guo Y, Lei Y, Chen Y, Wang C, Li Y, Zhang T, Chen Z, Pisano AP, Zhang L, Zhou Q, Xu S. Nature Biomedical Engineering. September 2018, 687-695. Les glucides sont-ils si néfastes pour la santé?
Le dernier congrès de la société européenne de cardiologie qui s’est tenu à Munich en août 2018 a encore bousculé les conceptions nutritionnelles notamment à propos des glucides. Une analyse prospective nord-américaine de 24825 participants a conclu que la faible consommation de glucides conduit à une augmentation de la mortalité à 6,4 ans. Le risque de décès de maladies cardio-vasculaires était augmenté de 50% et le risque de cancer était augmenté de 35% pour les personnes ayant une faible consommation de glucides. Quelles sont les conclusions que l’on peut tirer de cette grande étude qui s’intitule NHANES (National Health and Nutrition Examination Survey ) et dont les constatations sont confirmées par plusieurs méta-analyses ? Sur une courte période, il est possible de réduire sa consommation de glucides dans le cadre par exemple d’un régime hypocalorique mais une fois cette période passée, il faut retrouver une alimentation équilibrée avec au minimum 45% de glucides totaux sur l’apport calorique globale. En France, l’ANAES recommande 50 à 55% de l’apport énergétique journalier. Alors, il est préférable de ne pas tomber dans le piège d’exclure totalement les glucides de son alimentation comme on peut le voir ici ou là. Pour en savoir plus : National Health and Nutrition Examination Survey : https://www.cdc.gov/nchs/nhanes/index.htm
![]() Les lasers vasculaires en 2018 Les lasers dans le domaine vasculaire sont utilisés depuis près de 50 ans. Les premiers appareils étaient des lasers Argon puis les colorants pulsés sont très vite arrivés sur le marché. Les premières indications étaient les angiomes plans chez l’enfant puis les indications se sont étendues aux lésions d’érythrose, de couperose et toutes formes d’angiomes. Dans les années 90, les lasers (KTP et Nd-Yag) ont commencé à être utilisés dans les varicosités des membres inférieurs pour devenir aujourd’hui une technique de référence dans la prise en charge des lésions vasculaires des membres inférieurs. Les modes d’actions recherchés sont de deux types : la photothermolyse sélective et la photocoagulation sélective. Les progrès techniques ont permis de développer des lasers dont les durées d’impulsions sont variables pour permettre d’obtenir des durées suffisamment courtes pour favoriser une photothermolyse ou au contraire des durées suffisamment longues jusqu’à fonctionner en mode continu pour entraîner une photocoagulation. L’objectif étant la rupture vasculaire induite par l’effet thermique. Particularité du traitement des varicosités des membres inférieurs Le traitement nécessite une évaluation précise du phototype et du type de varicosités : l’aspect, la couleur, la taille, la profondeur, son alimentation éventuelle avec le réseau veineux superficiel. Cette évaluation ne peut s’envisager qu’après une fine analyse clinique complétée par procédé d’illumination associé à la réalisation d’un écho-doppler veineux. Les lasers KTP traitent des varicosités très superficielles plutôt de couleur rouge. Les lasers Nd-Yag traitent des varicosités violacées ou bleutées pouvant se situer jusque dans le derme profond. ` Le grand intérêt des lasers dans le traitement des varicosités des membres inférieurs c’est de proposer une méthode non invasive, pouvant traiter des vaisseaux de très faible diamètre (inférieur à 0,3 mm) et de couleurs différentes sur plusieurs régions en même temps. Il est important de garder à l’esprit que les lasers sont des techniques opérateurs dépendants et qu’il est fondamental de bien choisir le praticien qui vous prendra en charge. Pour en savoir plus : A lire « Les lasers vasculaires » sous la direction du Dr Ariel Toledano aux éditions VG. ![]() Quels sont les cinq aliments à privilégier pour être en bonne santé ? Cette question posée à Teresa Fung, professeur adjoint au département de nutrition de la Harvard médical School est l’occasion de rappeler qu’une alimentation ciblée est un gage de bonne santé. Je partage le choix des cinq aliments conseillés que je recommande également. 1. Saumon. Ce poisson est riche non seulement en protéines saines, mais aussi en acides gras oméga-3, bénéfiques pour le cœur et le cerveau. Il fournit également de la vitamine D nécessaire pour les os. Il est préférable de choisir un saumon sauvage car ceux d’élevage sont généralement plus gras. Si vous n’avez pas le choix, il faut privilégier les poissons ayant un éco-label (MSC, bleu, AD). 2. Choux de Bruxelles. Ces petits légumes verts croquants qui ressemblent à des mini-choux, sont riches en nutriments et faibles en calories - seulement 28 dans une demi-tasse. Ils offrent un groupe bien équilibré de vitamines, y compris la vitamine A, la vitamine C, la vitamine K, le potassium et l'acide folique. Comme les autres légumes crucifères, les choux de Bruxelles contiennent des composés bioactifs, tels que des antioxydants, qui sont des produits chimiques qui aident à prévenir le vieillissement cellulaire. 3. Myrtilles. Ces petites baies de couleur foncée sont riches en antioxydants, en particulier en vitamine C. Elles sont pauvres en calories (56 calories pour 100 grammes), elles offrent une bonne dose de vitamine A et de fibres. Les myrtilles sont également utiles pour renforcer la paroi des capillaires. 4. Noix. 1 à 2 noix de noix par jour permettent de vous protéger des maladies cardio-vasculaires en diminuant le mauvais cholestérol (LDL) et en améliorant l’élasticité des artères. 5. Yaourt nature. Le yaourt est très utile pour renforcer le microbiote intestinal en apportant une dose de probiotiques qui est nécessaire au bon fonctionnement de votre tube digestif. Le yaourt est aussi un aliment riche en nutriments, en calcium, en magnésium, en vitamine B12 et en certains acides gras essentiels. Il faut choisir des yaourts sans sucre et les agrémenter de myrtilles ou d’une noix pilée. Pour en savoir plus :
![]() Place de la recanalisation par procédure endoveineuse en 2018 dans la prise en charge des thromboses veineuses La thrombose veineuse appelée également phlébite est l’obstruction par un caillot d’un segment d’une veine. Il s’agit d’une pathologie courante puisque l’on compte 150 000 nouveaux cas de thromboses veineuses par an en France dont la principale complication est l’embolie pulmonaire qui peut être fatale en l’absence de traitement. Il est donc nécessaire de mettre en route un traitement dès le diagnostic de thrombose veineuse pour éviter l’embolie pulmonaire à court terme mais aussi pour empêcher l’apparition de séquelles à moyen et long terme. Le traitement repose sur la mise en route d’un traitement anticoagulant associé au port d’une compression élastique qui permet une recanalisation progressive de la veine dans la majorité des cas. Mais, il peut arriver qu’il persiste des séquelles à type d’un caillot résiduel, ou encore d’une modification des parois de la veine atteinte entrainant progressivement un reflux du sang vers le bas des jambes alors qu’il devrait remonter vers le cœur. Cette situation peut provoquer une maladie qu’on appelle la maladie post-thrombotique. Généralement, si la thrombose veineuse est prise en charge précocement les risques de maladie post-thrombotique sont moindres. Mais il faut rappeler que les risques dépendent aussi de la localisation du segment veineux atteint. En effet, ils sont plus importants en cas de thrombose sur les veines proximales (fémorales ou iliaques) que sur les veines distales (au niveau du mollet). Certaines études[1] évoquent un pourcentage compris entre 20 et 30% de risque de maladie post-thrombotique dans les thromboses veineuses proximales apparaissant dans les 2 ans malgré un traitement bien conduit. Comment se manifeste la maladie post-thrombotique ? Les manifestations cliniques sont très variables. Les symptômes les plus fréquents évoquent ceux de l’insuffisance veineuse chronique (IVC) évoluée tels que l’apparition de varices, de douleurs sur les jambes, d’oedèmes ou gonflements, de troubles trophiques allant de la dermite ocre jusqu’à l’apparition d’ulcères (plaies qui cicatrisent très difficilement). Certains patients peuvent présenter aussi une tension douloureuse de la cuisse et du mollet à la marche appelée claudication veineuse. Cette situation altère de manière significative la qualité de vie au quotidien et nécessite une prise en charge régulière par une équipe médicale spécialisée. Quand faut-il envisager une recanalisation par procédure endoveineuse ? Auparavant, la seule option possible était chirurgicale par réalisation de pontages ce qui limitait l'indication. Mais, depuis la généralisation des procédures de dilatations dans le domaine vasculaire, petit à petit se sont développées des techniques de recanalisation spécifiquement au niveau des veines pour arriver à en proposer aujourd'hui des indications précises. Généralement, la recanalisation n’est envisagée que dans les cas d’occlusion ou rétrécissement d’un segment veineux localisée au niveau fémoral ou iliaque entraînant un retentissement fonctionnel majeur et parfaitement documenté par des examens réadiologiques spécifiques (écho-doppler, phlébographie, Angio-IRM, échographie intravasculaire). Cette décision ne se prend donc qu’en concertation avec son médecin vasculaire traitant et une équipe spécialisée, parfaitement entrainée dans ce type de procédures. La recanalisation est réalisée par une dilatation de la veine, quasi identique aux procédures utilisées dans les maladies artérielles avec mise en place de stent (petite prothèse en forme de ressort). Plusieurs types de stents spécifiquement adaptés à la morphologie de la veine sont en cours d’étude. Les résultats techniques de ces procédures sont de plus en plus encourageants[2] et doivent inciter le médecin vasculaire à y penser quand l’indication est parfaitement bien établie. Compression élastique et prévention de la maladie post-thrombotique Il m’arrive souvent d’entendre certains patients me dire qu’ils ont pu lire ou entendre que le port d’une compression n’était pas fondamental dans la prise en charge d’une thrombose veineuse. Il est donc important de rappeler que la mise en place précoce d’une compression élastique par bas et chaussettes est un bon moyen de prévention pour éviter l’apparition d’une maladie post-thrombotique[3]. [1] - Kahn SR. The post-thrombotic syndrome: current knowledge, controversies, and directions for future research. Blood Rev 2002; 16: 155–65. - Prandoni P, et al. The long-term clinical course of acute deep venous thrombosis. Ann Intern Med 1996; 125:1-7. - Ginsberg JS, et al. Prevention and treatment of postphlebitic syndrome : Results of a 3-part study. Arch Intern Med 2001; 161:2105-9. [2] Raju S, Best management options for chronic iliac vein stenosis and occlusion. J Vasc Surg. 2013 Apr; 57(4). Raju S, Ten Lessons Learned in Iliac Venous Stenting, Endovascular today july 2016, vol 15, N°7. [3] Kolbach DN, et al. Non-pharmaceutical measures for prevention of post-thrombotic syndrome. Cochrane Database Syst Rev 2004;1: CD004174. ![]() Au cours de ma pratique médicale, il n’y a pas un jour où je n’ai pas entendu une patiente évoquer l’idée qu’elle souffrirait peut-être de rétention d’eau ! Les femmes sont en effet très nombreuses à parler de rétention d’eau quand elles ressentent des sensations de gonflements au niveau des jambes, du ventre, ou du corps en général, pouvant entraîner une véritable gêne au quotidien et des variations pondérales incontrôlées. Qu’est-ce que ce phénomène de rétention d’eau ? Comment en poser le diagnostic ? J'ai donc voulu répondre à toutes ces questions en faisant le point sur les causes et les mécanismes à l’origine de la rétention d’eau et ce qu’ils peuvent révéler sur l’état de santé en général. Mon nouvel ouvrage vous proposera une série de mesures concrètes autour de 3 axes :
Pour en savoir plus: Contention ou compression ?
La contention ou la compression médicale sont les termes employés pour désigner les bas, collants, chaussettes ou bandes qu'on utilise dans le traitement de la majorité des symptômes de la maladie veineuse. Il y a encore quelques temps, les médecins français faisaient la distinction entre contention et compression ou de manière générale n’employaient que le terme de contention pour désigner l’ensemble des orthèses utilisé dans la maladie veineuse. Cette distinction, aujourd’hui n’existe plus, on parle exclusivement de compression. Pourquoi ce changement ? Avons-nous peut être cédé à la tentation de l’uniformisation anglo-saxonne qui ne connait que le terme de compression ou s’agit-il réellement d’une modification vers une terminologie plus adaptée. Commençons par rappeler la différence entre contention et compression. La compression se définit comme une force « active » exercée par une orthèse élastique sur un membre au repos et à l’effort. Ainsi, il existe une compression permanente des tissus. La contention quant à elle, se définit comme une force « passive » exercée par une orthèse rigide ou semi rigide qui n’exerce qu’une faible compression des tissus au repos mais réelle à l’effort. Ainsi, on comprend que la contention permet de « contenir » le membre à l’effort car l’orthèse rigide s’oppose à l’hypertrophie du muscle lors de sa contraction musculaire. La contention est donc plutôt indiquée afin de réduire un œdème qui se fait par l’application de bandages non élastiques. On peut conclure que la terminologie de compression médicale à propos des bas, collants ou chaussettes est donc plus adaptée à l’action souhaitée dans le traitement de l’insuffisance veineuse superficielle. Les fibres élastiques utilisées par la plupart des fabricants permettent d’obtenir un effet de compression sur les masses musculaires au repos et à l’effort qui diminue la pression veineuse en augmentant la vitesse du flux, améliorant ainsi le retour veineux. Quel que soit le choix de terminologie de votre médecin, les bas ou collants médicaux restent un traitement de choix dans la prise en charge des problèmes veineux. ![]() Une première : Traitement du lymphœdème par microchirurgie robotique Le lymphœdème est une atteinte de la circulation lymphatique qui entraine l’apparition d’un gonflement au niveau des membres. Les vaisseaux lymphatiques ne drainent plus assez efficacement la lymphe, qui s'accumule alors dans les tissus situés sous la peau. L’aspect du lymphœdème est assez caractéristique ce qui permet d’en faire le diagnostic. On peut compléter l’exploration par une échographie-doppler des veines pour évaluer l’état veineux et la réalisation d’une lympho-IRM pour visualiser l’atteinte lymphatique. Le traitement du lymphœdème est essentiellement basé sur des techniques de drainages lymphatiques manuels associées au port d’une contention élastique (bas ou collants au niveau des membres inférieurs ou un manchon au niveau des membres supérieurs). Il se développe ces dernières années une technique de microchirurgie qui consiste à suturer un vaisseau lymphatique à une petite veine afin que la lymphe puisse être drainée dans la veine. La complexité de cette intervention est due au fait que les vaisseaux lymphatiques sont très fins mesurant entre 0.3 mm et 0.8 mm, ce qui les rend difficilement manipulables. A l’occasion de la 26ème conférence mondiale de lymphologie qui s’est tenue à Barcelone du 25 au 29 septembre 2017, une équipe chirurgicale de la Maastricht University a présenté une super-microchirurgie réalisée par robotique afin de faciliter et d’améliorer la précision de ce type de micro-sutures. Le robot créé par la société Microsure permet d’augurer une nouvelle ère dans la prise en charge chirurgicale des lymphœdèmes. http://microsure.nl/ http://www.belymph.org/web/fr/ |