Histoire de la Phlébologie
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Préface du Docteur Jean-Pierre Gobin, président de la société française de phlébologie.
L’histoire de la phlébologie est associée à l’histoire de la circulation sanguine. Elle débute dès l’Antiquité en Egypte, puis trouve son épanouissement en Grèce et ensuite à Rome, traverse les rives de la méditerranée pour connaître son essor avec la médecine arabe au XIIIe siècle, pour enfin aboutir aux travaux de William Harvey en 1628. La phlébologie, discipline médicale qui regroupe les maladies liées aux veines et à leurs traitements est née en 1909 à Vienne, puis en France en 1922 avec les travaux de Jean Sicard, et trouve son épanouissement en 1947 avec Raymond Tournay qui fonde la société française de phlébologie. Le docteur Ariel TOLEDANO nous dévoile avec passion cette formidable épopée qui aboutira à la naissance de la phlébologie moderne.
Analyse du Docteur André Davy (Phlébologie-Annales vasculaires 2011) Après la publication d’une série de livres où l’auteur nous a gratifiés de sa grande expérience clinique, voici qu’aujourd’hui le Docteur Ariel Toledano nous propose un voyage original dans un paysage culturel passionnant : il nous convie à contempler avec lui cette vaste fresque historique qu’est « L’Histoire de la Phlébologie ».
En un raccourci saisissant, l’excellente préface de Jean Pierre Gobin nous annonce ce que serait un jour la phlébologie moderne en partant des origines Egyptiennes pour aboutir à l’époque contemporaine. Dans son avant-propos, l’auteur nous apprend que si la phlébologie est aujourd’hui une discipline moderne, déjà 1500 ans avant Jésus Christ les médecins des bords du Nil décrivaient et traitaient les varices, suivis bientôt par les Grecs qui peu à peu de concert avec les Romains puis avec les Arabes et les Hispano-Mauresques accumulent des découvertes parfois singulièrement interprétées concernant la circulation sanguine et l’anatomie vasculaire Quatre parties structurent l’ouvrage : elles sont autant de chapitres qui s’ouvrent sur le passé, sur le présent et sur l’avenir : l’Antiquité, la Pré-Science, la Naissance puis la Connaissance. Sous l’Antiquité (premier chapitre) nous apprenons que dès les années 1550 avant J.C., les médecins Egyptiens s’intéressent déjà aux varices dont il fait mention dans le célèbre papyrus d’Ebers. Ils sont suivis au Vème siècle avant J.C. par les Grecs qui, avec Hippocrate, abordent la circulation sanguine comme nous le montre cette tablette bien connue de l’Acropole. L’école d’Alexandrie démontre au IVème siècle avant J.C. que les artères transportent du sang et non de l’air et un distinguo s’opère déjà entre la circulation continue du sang veineux et la circulation rythmique du sang artériel. Un pas de plus est franchi avec Erasistrale (320-250 avant J.C.) qui note l’existence de valvules veineuses. La Grèce influençant les Romains, on voit dès la seconde moitié du IIème siècle avant J.C. les médecins Romains s’intéresser aux varices de Cicéron, à celles du consul Marius qui se fait même opérer des siennes et Celsius préconise bientôt l’exérèse par phlébectomie superficielle. Mais il faut attendre Gallien (129-200 après J.C.) pour que s’amorce une étude méthodique du réseau veineux et artériel du porc et du singe avec des interprétations parfois erronées mais validées par l’autorité Ecclésiastique qui fige pour une longue période la recherche anatomique alors que les médecins orientaux (Oribase de Pergame, Paul d’Egine et l’Hispano-Arabe Albucasis arrivent à des découvertes encore aujourd’hui trop mal appréhendées. La Pré-Science (second chapitre) nous montre les progrès de la connaissance scientifique surtout anatomique et à partir de 1350 l’auteur fonde son exposé sur la chronologie de dates précises nous citant entre autres chercheurs Guy de Chauliac (1350), Ambroise Paré (1579), Andrea de Belluno (1527), Vésale (1543), Michel Servet (1553), Fabrice de Acquapendente (1574). Puis viendront successivement en 1628 William Harvey, en 1651 Jean Pecquet, en 1661 Malpighi. Ainsi voyons-nous peu à peu se structurer les procédés thérapeutiques et paraître au sein d’une Europe Phlébologique les noms prestigieux de Valsalva (1704), de Underwood (1783), de Rima (1825), de Velpeau (1830), de Briquet (1838), de Brodie (1846), de Virchow (1846), de Pravaz (1851), de Cruveilhier (1862), de Trousseau (1865), de Giacomini (1873) et de Trendelenbourg (1890)… Ayant ainsi bien déblayé, préparé et labouré le terrain, l’auteur peut aborder maintenant la Naissance de la Phlébologie (troisième chapitre) : c’est la période qui couvre la fin du XIXème siècle et surtout le XXème siècle et au cours de laquelle on assiste à une véritable explosion de nos connaissances concernant à la fois la compression, la sclérothérapie et une chirurgie de plus en plus précise. Fait intéressant, si en France ces trois chapitres de la pathologie veineuse s’individualisent et se développent plus ou moins sereinement, il convient de ne jamais perdre de vue que des cheminements concomitants se déroulent en Allemagne, en Autriche, au Benelux, en Angleterre, aux Etats-Unis. Encore faut-il noter que l’organisation de la Phlébologie en Société Savante est le fait d’une initiative Française : celle de Raymond Tournay qui, après avoir effectué sa première publication sur la sclérothérapie en 1929, crée la Société Française en 1947. D’année en année on voit alors les chirurgiens proposer des actes de moins en moins agressifs et de plus en plus raisonnés, on voit les partisans de la compression expliquer le bien-fondé de leur recherche et favoriser l’émergence d’une industrie des textiles de la compression, on voit des médecins perfectionner leurs connaissances en sclérothérapie et utiliser des produits d’une grande diversité. Un hommage justifié est rendu à l’intuition géniale de Paul Linser. Il constate que le Salvarsan utilisé pour traiter ses patients syphilitiques à la propriété particulière de scléroser la veine et de faire disparaitre les varices sous-jacentes. Les connaissances polymorphes accumulées finissent par se confronter, par se clarifier et l’on observe une individualisation des chapitres si divers de l’insuffisance veineuse superficielle puis profonde, des phlébites, des malformations veineuses reconnus grâce à des moyens toujours plus sophistiqués de diagnostic et pas conséquence des traitements toujours plus efficaces. Vient alors la quatrième séquence, la Connaissance, qui se développe à une vitesse impressionnante tant sur le plan du diagnostic avec la mise en œuvre de la radiologie et de l’exploration fonctionnelle que sur le plan thérapeutique. L’opposition entre chirurgiens et sclérothérapeutes s’est estompée tandis que la recherche médicamenteuse fait appel à des molécules intéressantes : on abandonne les traitements standards et on personnalise les prescriptions. Cet ouvrage nous fait vivre le véritable bouillonnement qui agite la phlébologie contemporaine : les aspects polymorphes des maladies des veines sont actuellement des sujets de recherches et de traitements aussi nombreux que variés et toujours plus efficaces, la précision dans le diagnostic clinique et instrumental a fait des progrès fulgurants et la thérapeutique est toujours mieux adaptée. C’est dire que la lecture de ce livre est particulièrement attachante et qu’il convient de saluer la modestie de l’auteur qui par la concision de son ouvrage nous fait regretter par moments la brièveté de l’exposé. Comment ne pas saluer un travail de cette valeur qui conforte le sentiment que la phlébologie mériterait une place plus large dans l’enseignement des fondements médicaux.
L’histoire de la phlébologie est associée à l’histoire de la circulation sanguine. Elle débute dès l’Antiquité en Egypte, puis trouve son épanouissement en Grèce et ensuite à Rome, traverse les rives de la méditerranée pour connaître son essor avec la médecine arabe au XIIIe siècle, pour enfin aboutir aux travaux de William Harvey en 1628. La phlébologie, discipline médicale qui regroupe les maladies liées aux veines et à leurs traitements est née en 1909 à Vienne, puis en France en 1922 avec les travaux de Jean Sicard, et trouve son épanouissement en 1947 avec Raymond Tournay qui fonde la société française de phlébologie. Le docteur Ariel TOLEDANO nous dévoile avec passion cette formidable épopée qui aboutira à la naissance de la phlébologie moderne.
Analyse du Docteur André Davy (Phlébologie-Annales vasculaires 2011) Après la publication d’une série de livres où l’auteur nous a gratifiés de sa grande expérience clinique, voici qu’aujourd’hui le Docteur Ariel Toledano nous propose un voyage original dans un paysage culturel passionnant : il nous convie à contempler avec lui cette vaste fresque historique qu’est « L’Histoire de la Phlébologie ».
En un raccourci saisissant, l’excellente préface de Jean Pierre Gobin nous annonce ce que serait un jour la phlébologie moderne en partant des origines Egyptiennes pour aboutir à l’époque contemporaine. Dans son avant-propos, l’auteur nous apprend que si la phlébologie est aujourd’hui une discipline moderne, déjà 1500 ans avant Jésus Christ les médecins des bords du Nil décrivaient et traitaient les varices, suivis bientôt par les Grecs qui peu à peu de concert avec les Romains puis avec les Arabes et les Hispano-Mauresques accumulent des découvertes parfois singulièrement interprétées concernant la circulation sanguine et l’anatomie vasculaire Quatre parties structurent l’ouvrage : elles sont autant de chapitres qui s’ouvrent sur le passé, sur le présent et sur l’avenir : l’Antiquité, la Pré-Science, la Naissance puis la Connaissance. Sous l’Antiquité (premier chapitre) nous apprenons que dès les années 1550 avant J.C., les médecins Egyptiens s’intéressent déjà aux varices dont il fait mention dans le célèbre papyrus d’Ebers. Ils sont suivis au Vème siècle avant J.C. par les Grecs qui, avec Hippocrate, abordent la circulation sanguine comme nous le montre cette tablette bien connue de l’Acropole. L’école d’Alexandrie démontre au IVème siècle avant J.C. que les artères transportent du sang et non de l’air et un distinguo s’opère déjà entre la circulation continue du sang veineux et la circulation rythmique du sang artériel. Un pas de plus est franchi avec Erasistrale (320-250 avant J.C.) qui note l’existence de valvules veineuses. La Grèce influençant les Romains, on voit dès la seconde moitié du IIème siècle avant J.C. les médecins Romains s’intéresser aux varices de Cicéron, à celles du consul Marius qui se fait même opérer des siennes et Celsius préconise bientôt l’exérèse par phlébectomie superficielle. Mais il faut attendre Gallien (129-200 après J.C.) pour que s’amorce une étude méthodique du réseau veineux et artériel du porc et du singe avec des interprétations parfois erronées mais validées par l’autorité Ecclésiastique qui fige pour une longue période la recherche anatomique alors que les médecins orientaux (Oribase de Pergame, Paul d’Egine et l’Hispano-Arabe Albucasis arrivent à des découvertes encore aujourd’hui trop mal appréhendées. La Pré-Science (second chapitre) nous montre les progrès de la connaissance scientifique surtout anatomique et à partir de 1350 l’auteur fonde son exposé sur la chronologie de dates précises nous citant entre autres chercheurs Guy de Chauliac (1350), Ambroise Paré (1579), Andrea de Belluno (1527), Vésale (1543), Michel Servet (1553), Fabrice de Acquapendente (1574). Puis viendront successivement en 1628 William Harvey, en 1651 Jean Pecquet, en 1661 Malpighi. Ainsi voyons-nous peu à peu se structurer les procédés thérapeutiques et paraître au sein d’une Europe Phlébologique les noms prestigieux de Valsalva (1704), de Underwood (1783), de Rima (1825), de Velpeau (1830), de Briquet (1838), de Brodie (1846), de Virchow (1846), de Pravaz (1851), de Cruveilhier (1862), de Trousseau (1865), de Giacomini (1873) et de Trendelenbourg (1890)… Ayant ainsi bien déblayé, préparé et labouré le terrain, l’auteur peut aborder maintenant la Naissance de la Phlébologie (troisième chapitre) : c’est la période qui couvre la fin du XIXème siècle et surtout le XXème siècle et au cours de laquelle on assiste à une véritable explosion de nos connaissances concernant à la fois la compression, la sclérothérapie et une chirurgie de plus en plus précise. Fait intéressant, si en France ces trois chapitres de la pathologie veineuse s’individualisent et se développent plus ou moins sereinement, il convient de ne jamais perdre de vue que des cheminements concomitants se déroulent en Allemagne, en Autriche, au Benelux, en Angleterre, aux Etats-Unis. Encore faut-il noter que l’organisation de la Phlébologie en Société Savante est le fait d’une initiative Française : celle de Raymond Tournay qui, après avoir effectué sa première publication sur la sclérothérapie en 1929, crée la Société Française en 1947. D’année en année on voit alors les chirurgiens proposer des actes de moins en moins agressifs et de plus en plus raisonnés, on voit les partisans de la compression expliquer le bien-fondé de leur recherche et favoriser l’émergence d’une industrie des textiles de la compression, on voit des médecins perfectionner leurs connaissances en sclérothérapie et utiliser des produits d’une grande diversité. Un hommage justifié est rendu à l’intuition géniale de Paul Linser. Il constate que le Salvarsan utilisé pour traiter ses patients syphilitiques à la propriété particulière de scléroser la veine et de faire disparaitre les varices sous-jacentes. Les connaissances polymorphes accumulées finissent par se confronter, par se clarifier et l’on observe une individualisation des chapitres si divers de l’insuffisance veineuse superficielle puis profonde, des phlébites, des malformations veineuses reconnus grâce à des moyens toujours plus sophistiqués de diagnostic et pas conséquence des traitements toujours plus efficaces. Vient alors la quatrième séquence, la Connaissance, qui se développe à une vitesse impressionnante tant sur le plan du diagnostic avec la mise en œuvre de la radiologie et de l’exploration fonctionnelle que sur le plan thérapeutique. L’opposition entre chirurgiens et sclérothérapeutes s’est estompée tandis que la recherche médicamenteuse fait appel à des molécules intéressantes : on abandonne les traitements standards et on personnalise les prescriptions. Cet ouvrage nous fait vivre le véritable bouillonnement qui agite la phlébologie contemporaine : les aspects polymorphes des maladies des veines sont actuellement des sujets de recherches et de traitements aussi nombreux que variés et toujours plus efficaces, la précision dans le diagnostic clinique et instrumental a fait des progrès fulgurants et la thérapeutique est toujours mieux adaptée. C’est dire que la lecture de ce livre est particulièrement attachante et qu’il convient de saluer la modestie de l’auteur qui par la concision de son ouvrage nous fait regretter par moments la brièveté de l’exposé. Comment ne pas saluer un travail de cette valeur qui conforte le sentiment que la phlébologie mériterait une place plus large dans l’enseignement des fondements médicaux.